Depuis le début des années 2000 on parle de parentalité positive par-ci, d’éducation positive par-là. Tout le monde en parle, les parents, les psychologues, les professionnels de l’enfance, les journalistes et même les ministres.

La parentalité ou éducation positive est présentée comme LE modèle éducatif qui favorise l’épanouissement de l’enfant. Mais parlons-nous tous de la même chose ?

Combien de parentalité(s) positive(s) ?

La parentalité positive intéresse beaucoup de monde, même le Conseil Européen. En effet, il a commandé un rapport sur les évolutions de la parentalité au Comité d’experts sur l’Enfance et la Famille. Le rapport a été communiqué lors de la conférence des ministres européens chargés des affaires familiales, qui s’est déroulée au Portugal en 2006. L’objectif du rapport était d’identifier les bonnes réponses éducatives, c’est à dire les réponses qui favorisent le développement global de l’enfant, en d’autres termes son plein potentiel. S’agirait-il d’une invitation pour apprendre à devenir parents

Mais pourquoi nos ministres s’intéressent-ils à cette question ? Car l’un de leur objectif est de mieux orienter les politiques familiales européennes. Et devinez quoi, ce sont les principes de la parentalité positive qui ont été mis en avant dans le rapport. Et oui, même le Conseil de l’Europe s’y est mis !

Définition

La parentalité positive, selon le Comité d’experts sur l’Enfance et la Famille, est définie comme étant, je cite :

« Un comportement parental fondé sur l’intérêt supérieur de l’enfant qui vise à l’élever et à le responsabiliser, qui est non violent et lui fournit reconnaissance et assistance, en établissant un ensemble de repères favorisant son plein développement. »

Les fondements

Le rapport du Comité d’experts sur l’Enfance et la Famille s’appuie sur les principes de la Convention des Nations Unies sur les Droits de l’Enfant (CNUDE), qui considère l’enfant comme un sujet de droit. De ce fait, la CNUDE appelle à ce que tous les enfants bénéficient des principes suivants :

  • non discrimination,

  • prise en compte de son intérêt supérieur,

  • droit à la vie, à la survie et au développement,

  • respect de ses opinions sur les questions qui le concernent.

Les caractéristiques

La parentalité positive respecte ces fondements. Ce style éducatif est une parentalité bien traitante qui vise le développement optimal et complet, c’est à dire le développement physique et psychique de l’enfant.

Trois grands aspects caractérisent la parentalité positive :

  • la protection matérielle et affective,

  • la satisfaction de tous les besoins c’est à dire les besoins physiques, psychomoteurs, affectifs, sociaux et intellectuels,

  • un milieu adapté et sécurisé permettant l’exploration et l’apprentissage de l’enfant. 

Vous l’aurez compris, la parentalité positive n’est pas une recette magique faite de trucs et d’astuces. C’est une véritable réflexion qui reconsidère l’enfance.

Les principes de la parentalité positive

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Les experts sur l’Enfance et la Famille préconisent un certain nombre de principes pour orienter les parents vers une parentalité positive :

  • respecter la dignité de l’enfant en le respectant (s’interdire la violence et l’humiliation),
  • favoriser des comportements pro-sociaux en incitant à la solidarité et la coopération (répondre aux besoins de notre enfant est un comportement pro-social qui invite à d’autres comportements pro-sociaux),
  • favoriser l’auto-discipline en le responsabilisant (informer l’enfant des conséquences de ses actes),
  • faire participer l’enfant à sa propre éducation (ex : en lui demandant son avis, en lui permettant de choisir…),
  • satisfaire les besoins de l’enfant (physiques et psychologiques),
  • respecter la motivation et l’opinion de l’enfant,
  • faire preuve d’équité en faisant preuve de justesse.

L'importance des règles et de l'affection

Pour prévenir les problèmes de comportements, le Comité d’experts préconise d’imposer des règles claires et les sanctions correspondantes. Ainsi un cadre sécurisant sera instauré. Le Comité précise aussi que plus un enfant se sent aimé et en sécurité, plus il aura un comportement positif et approprié. Il a identifié cinq conditions qui favorisent un comportement approprié chez l’enfant :

  • instaurer un climat familial positif (écoute, jeux et activités, affection…),

  • encourager les comportements positifs et ne pas relever les comportements négatifs de faibles importances,

  • montrer de l’intérêt pour le travail scolaire et les relations sociales de l’enfant,

  • instaurer une routine quotidienne (activités, horaires, interactions…),

  • réagir de façon cohérente face aux mêmes comportements,

  • écouter son enfant et négocier avec lui.

Pour favoriser les comportements positifs, les parents sont invités à mettre en place différentes stratégies :

  • offrir une attention positive à ses enfants (tendresse, baisers…),

  • écouter attentivement les enfants, leur apprendre à gérer leurs émotions et à les exprimer verbalement,

  • apprendre à l’enfant à évaluer les conséquences de ses actes et de ses choix,

  • complimenter les comportements positifs,

  • être un modèle pour l’enfant : comportements adaptés, communication respectueuse, résolution de conflits coopératives.

La discipline positive​

En cas de comportements jugés inappropriés, dangereux et autres problèmes de discipline, les parents sont invités à utiliser quatre pratiques non violentes. Elles sont tirées du Statut brésilien de l’enfant et de l’adolescent :

  • la réprimande sur le comportement inapproprié plutôt que sur la personnalité de l’enfant,

  • la réparation des dommages causés pour responsabiliser,

  • la restriction des privilèges : par exemple l’interdiction de regarder la télé, de rencontrer ses amis,

  • le bénévolat pour rendre service, se « racheter une conduite » aux yeux de la personne lésée. 

Aussi le Comité d’experts a constaté que le fait d’isoler un enfant permet d’obtenir de lui une meilleure obéissance (de 25 % à 80 %). Pour autant il doit

être employé de manière cohérente, pendant un temps approprié et sans excès.

Il existe plusieurs règles concernant la pratique de l’isolement. L’une d’entre elle est d’isoler une minute par année d’âge (par exemple 4 minutes maximum pour en enfant de 4 ans) et pas avant trois ans. Avant cet âge l’enfant ne fera pas le lien entre son isolement et le comportement en question et il pourrait se sentir abandonné. Une autre conseille d’imposer un isolement entre 2 et 5 minutes maximum.

Quoi qu’il en soit il est conseillé d’utiliser l’isolement en dernier recours et sous certaines conditions.

Un enfant de moins de 6 ans ne sait pas réguler ses émotions sans l’aide d’un adulte. Pour cette raison je déconseille d’isoler seul un enfant avant cet âge s’il est sous le coup d’une émotion. Certains estiment que cette pratique est une Violence Éducative Ordinaire (VEO). De façon générale les psychologues du développement de l’enfant invitent à limiter les punitions, quelles qu’elles soient. Toutefois l’isolement est considéré comme nécessaire en cas d’agression physique, à adapter en fonction de l’âge de l’enfant et de sa capacité de compréhension. 

Parentalité, d'accord, mais pourquoi positive ?​

Ben oui pourquoi ? Est-ce qu’on pratique une parentalité négative quand on ne pratique pas la parentalité positive ? C’est ce que certains pensent. C’est vrai que le terme « positif » porte à confusion. Mais il n’en est rien.

En réalité la parentalité positive s’inspire de la psychologie positive, la psychologie qui s’intéresse non pas aux difficultés et problèmes psychologiques mais au bien-être, à la santé. Cette discipline vise la croissance psychologique de l’individu. La psychologie positive est une sorte de psychologie préventive.

Cette nouvelle psychologie, mise en place par le psychologue Martin Sulligman, utilise le terme positif pour différencier la psychologie qui s’intéresse aux pathologies (perçues négativement) et celle qui s’intéresse à la recherche du bonheur (perçu positivement).

Il n’y a donc aucun jugement de valeur dans le terme positif, que ce soit pour la psychologie ou bien pour la parentalité. La parentalité positive s’intéresse donc à ce qui favorise le développement plutôt qu’à ce qui le freine. On pourrait dire que la parentalité positive est un style d’éducation qui permet de mettre toutes les chances du côté des parents, pour répondre au mieux à l’ensemble des besoins de leur enfant. La parentalité positive est une sorte de parentalité préventive.

Donc non, les parents qui ne pratiquent pas la parentalité positive ne pratiquent pas forcément une parentalité négative. Et j’imagine que certains pratiquent une parentalité positive s’en le revendiquer et que d’autres pensent la pratiquer mais en fait non. Comment savoir à partir de quand on est ou pas dans la parentalité positive ? Et bien on ne peut pas car il n’existe aucune échelle capable de mesurer ça et c’est tant mieux. Ça évite les dérives, dont la parentalité positive n’est pas exempte. Bref la parentalité positive vise ce qui favorise l’épanouissement le plus complet possible (aussi bien physique que  psychologique) de l’enfant. Mais attention ⚠️ : complet ne veut pas dire parfait.

Une ou des parentalité(s) positive(s) ?

Le principe fondateur de la parentalité positive, on l’a vu, c’est l’intérêt supérieur de l’enfant, c’est à dire la recherche de son épanouissement. Tous les représentants de ce style d’éducation sont d’accord là-dessus, mais sur la façon de s’y prendre, c’est autre chose.

Beaucoup de parents, et peut-être même la majorité, ont entendu parler de la parentalité positive, ou éducation positive, représentée par la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Et beaucoup moins de la parentalité positive selon le Comité d’experts  réuni par le Conseil de l’Europe. Et vous allez voir que ces deux versions, bien qu’elles s’appuient sur les mêmes fondements, sont bien différentes.

Une parentalité positive, deux approches

Isabelle Filliozat pose un nouveau regard sur l’enfant et n’hésite pas à remettre en question des principes éducatifs établis ou qui font l’unanimité. Elle pense que l’enfant est naturellement bon et que c’est l’immaturité de son cerveau qui provoque ses comportements, plutôt qu’une volonté de nuire, de tester ou de chercher les limites. Selon la thérapeute, derrière chaque acte dérangeant il y a toujours un besoin insatisfait à combler.

Elle veut changer l’éducation. Pour ce faire elle propose un modèle éducatif ambitieux qui questionne nos habitudes et réflexes éducatifs et relationnels les plus ancrés. Par exemple l’autorité, les limites et toutes formes de punition (corporelles ou non corporelles) sont remises en question. C’est une parentalité positive concrète qui informe, conseille, propose des alternatives à l’éducation traditionnelle. Elle accompagne au plus près les parents afin qu’ils développent leurs compétences parentales positives.

Le rapport européen questionne lui aussi nos pratiques mais de façon moins absolue. Par exemple l’autorité, les limites et les punitions non corporelles et non humiliantes, ne sont pas remises en question mais redéfinies, utilisées différemment. Par exemple il est conseillé d’utiliser la punition en dernier ressort, le moins souvent possible et dans certaines conditions seulement.

Aussi l’enfant n’ est pas pensé comme un être naturellement bon ou mauvais mais comme un être social, c’est à dire pré-adapté aux interactions. On sait aujourd’hui que l’enfant naît avec des compétences pro-sociales qui lui permettent d’agir sur son environnement.  Il y a donc un rapport d’adaptation réciproque entre lui et ses parents. Rapport qui ré-équilibre le pouvoir entre l’enfant et ses parents, qui n’abandonne pas pour autant leur autorité ou leadership. C’est ce modèle de socialisation, la réciprocité, qui est mis en avant par le rapport. Modèle aujourd’hui considéré comme le plus approprié par les sciences sociales et qui se caractérise par la sensibilité et la réceptivité des parents.

Le rapport s’en tient à une approche globale et des principes généraux pour éviter la standardisation des pratiques parentales. L’objectif étant de favoriser l’autonomie des parents pour qu’ils restent les premiers acteurs de l’éducation de leurs enfants.

Ces deux approches s’accompagnent de points de vue différents sur certaines pratiques éducatives…

Les punitions

Isabelle Filliozat dénonce toutes les formes de punition, qu’elles soient corporelles ou non corporelles. Pour elle, toutes les punitions sont violentes donc inadaptées. De plus les punitions ne fonctionnent que sur le court terme, n’éduquent pas, et ne responsabilisent pas l’enfant. Selon la psychothérapeute tous les actes et comportements de l’enfant correspondent à un besoin non satisfait plutôt qu’à des actes malintentionnés. De ce fait elle conseille de trouver le besoin insatisfait, par exemple en accueillant toutes les émotions plutôt qu’en les réprimant. Cette approche empathique de l’enfant permet de ne plus avoir recours aux punitions, quelles qu’elles soient. Seule la réparation est envisagée.

Les châtiments corporels sont dénoncés par le rapport européen qui vise une éducation sans violence. Il est préconisé de ne jamais les utiliser. Par contre les punitions non corporelles, telles que le retrait de privilèges (pas de télé ce soir ! ), les sanctions et l’isolement (va dans ta chambre ! ) sont proposées, à condition qu’elles respectent la dignité de l’enfant. Mais une  punition peut-elle être digne ? Bonne question !

Et l’humiliation verbale, comme elle est non corporelle, on y a droit alors ? Non plus, car l’humiliation verbale ne respecte pas l’intégrité de l’enfant. Et oui, l’intégrité est aussi bien physique que psychologique.

Les limites

Pour Isabelle Filliozat les limites ne sécurisent pas et invitent à la transgression. C’est pourquoi elle préfère utiliser des permissions (phrases affirmatives qui autorisent) et des consignes informatives qui renseignent l’enfant sur l’intérêt de cette consigne. Vous conviendrez qu’il est plus agréable de respecter un « Le four est chaud, reste éloigné. » plutôt qu’un « Ne touche pas le four ! ». La thérapeute insiste sur l’intérêt d’un cadre clair, conçu à partir de règles claires. Quand le cadre est pertinent, alors les limites deviennent superflues.

Les limites sont souvent formulées avec des phrases négatives : « Ne touche pas le four ! » Mais les enfants ne comprennent pas la négation avant l’âge de 2-3 ans. Et vous savez quoi ? De façon général, le cerveau humain, qu’il soit jeune ou moins jeune,  a du mal a comprendre la négation. Il doit d’abord se représenter la phrase de façon positive, puis de façon négative, pour annuler la phrase positive. Vous conviendrez que c’est un tantinet alambiqué. Essayez de ne pas penser à un éléphant rose pour voir 😉

Le Comité, lui, met en avant les travaux du psychologue Campion. Selon lui, fixer des limites est considéré comme une des principales tâches de la parentalité. De façon générale les experts de l’enfance considèrent les limites comme structurantes et nécessaires au développement de l’enfant.

Et au fait, quel est la différence entre une règle et une limite ? Voyons ce qu’en dit le dictionnaire. Le Larousse indique qu’une règle est un ordre, une recommandation

« qui s’impose à quelqu’un dans un cas donné.« 

Et qu’une limite est le

« seuil de ce qui est acceptable. »

Dit autrement, une limite permet donc de se rendre compte qu’on a poussé le bouchon un peu trop loin et qu’il est temps de nous remettre en question. C’est quand même utile de le savoir pour vivre en bonne intelligence avec les autres, non ? Finalement, est-ce que les permissions et les consignes informatives d’Isabelle Filliozat et les limites du Comité ne seraient pas les deux faces d’une même pièce ? Avec une face moins piquante qu’une autre ? Mais une consigne ou limite qui aurait pour objectif d’éviter un accident aura-t-elle plus d’impact en étant douce ou piquante ? Là est la question…

L'autorité

Une autre divergence apparaît concernant l’autorité. Isabelle Filliozat préfère parler de discipline positive (pas celle du Statut brésilien vu plus haut) et elle concerne uniquement les erreurs et comportements inadaptés, jamais la personne de l’enfant. Elle envisage l’autorité comme le moyen d’imposer son pouvoir à quelqu’un pour le forcer à obéir. Elle préconise  de privilégier la contribution de l’enfant.

Quant au Comité, il fait la différence entre l’autorité et l’autoritarisme. Pour lui il est essentiel de ne pas les confondre. Selon lui un parent doit avoir une position d’autorité et non pas d’autoritarisme, pour être considéré comme un parent. 

Un parent qui a de l’autorité est un adulte qui est reconnu comme légitime aux yeux de son enfant. Il est légitime car il a plus d’expérience et de connaissances que son enfant, grâce à la cohérence de ses règles, à la sécurité qu’il sait procurer, au modèle qu’il sait être pour son enfant. Les experts du rapport préconise une autorité exigeante, réceptive, cohérente et affectueuse.

À l’inverse l’autoritarisme est un abus de pouvoir, une violence, qui vise à dominer l’autre en imposant sa propre loi. L’autorité ne doit pas atteindre la dignité de l’enfant, sinon on glisse vers l’autoritarisme. Euh ?! Il n’y aurait pas une comme une confusion entre l’autorité et l’autoritarisme ? 🤔

Les compliments et récompenses

Isabelle Filliozat déconseille de complimenter ou de récompenser les enfants quand ils réussissent quelque chose. Selon elle cela ne les responsabilise pas et ne favorise pas l’autonomie. Elle conseille plutôt de décrire la situation ou bien de demander à l’enfant ce que lui-même pense de sa propre réussite afin qu’il se l’approprie. Aussi les compliments sont vus comme des jugements qui freineraient la créativité des enfants et leur autonomie.

J’ai privilégié la description avec ma fille, du moins jusqu’à son entrée à l’école maternelle. À partir de là, je me suis mise à culpabiliser. Et oui, complimenter, c’est ce que font les maîtresses, l’ensemble des parents et aussi la majorité des êtres humains. Comment moi, sa mère, pourrais-je ne pas le faire ? Ça fait tellement de bien les compliments. Du coup je fais les deux : je complimente et je décris. C’est aussi ça l’éducation : S’A-DAP-TER.

Du côté du Comité d’experts c’est le compliment qui a le vent en poupe. Notamment pour inciter, encourager les comportements appropriés. Le fait de complimenter, de remarquer de façon positive une action ou un comportement attendu inciterait l’enfant à s’améliorer. Par contre il conseille de ne pas s’attarder, de ne pas relever les « petits écarts de conduite ».

Ahhhhh là là, les compliments et récompenses sont un vaste sujet. Un article sera bientôt disponible sur ce site, c’est promis. Pour ne pas le rater, inscrivez-vous à ma newsletter juste en dessous 👇.

Quelle parentalité positive choisir ?

Quelle parentalité positive choisir ?

Nous venons de voir qu’il existe différentes approches de la parentalité positive. Dans ce cas, comment savoir laquelle dit la vérité, est la meilleure, la plus efficace ? Et si on ne se posait pas la bonne question…

Les questions à se poser

Il n’existe pas des mais UNE parentalité positive, avec différentes approches qui gravitent autour. Et à partir du moment où ces approches respectent l’intérêt supérieur de l’enfant, l’élèvent et le responsabilisent dans la non violence, tout en favorisant son plein développement, elles sont toutes aussi efficaces du point de vue de l’enfant. Bien-sûr respecter l’intérêt de l’enfant ne veut pas dire tout lui passer, ou ne jamais lui dire non. Car dans ce cas on tombe dans le laxisme (j’en parle plus bas).

Et du point de vue des parents ? Car c’est bien nous qui mettons en pratique l’éducation. D’accord l’éducation doit répondre au mieux à l’ensemble des besoins de l’enfant, pour favoriser son épanouissement, mais elle doit aussi être accessible aux parents. Il est donc temps de nous poser une question essentielle : quelle approche serons-nous en mesure de mettre en place ? Pour le savoir, posons-nous les bonnes questions :

  • nos connaissances sur le développement de l’enfant sont-elles suffisantes ?
  • de quoi avons-nous besoin, de principes généraux pour nous orienter, ou de conseils très concrets pour savoir quoi faire ?
  • nos forces et faiblesses correspondent-elles à l’approche que nous visons ? Par exemple, il est plus facile de ne jamais punir son enfant quand on est quelqu’un de patient. Mais ça l’est beaucoup moins quand on l’est pas,
  • l’approche qui nous intéresse est-elle en cohérence avec nos valeurs et nos principes ?
  • la personnalité de notre enfant compte aussi. Certains respectent les règles plus que d’autres, sont plus dociles que d’autres… Quelle approche sera la plus appropriée pour lui ?
  • l’approche d’Isabelle Filliozat est très exigeante, sommes-nous sûr de pouvoir nous investir suffisamment ?
  • Disposons-nous de suffisamment de temps et/ou de soutien ?
  • Qu’en pense le deuxième parent ?

Bien-sûr cette liste de question n’est pas exhaustive. À Chaque parent de faire son propre tour de la question.

Vers une parentalité positive

N’oubliez jamais d’utiliser votre esprit critique. Rien ne vous oblige d’appliquer à la lettre telle ou telle approche. Permettez-vous de choisir un principe par ci, un conseil ou une astuce par là, et pourquoi pas saupoudrer le tout d’éducation traditionnelle ? C’est donc à vous de décider quelle approche vous souhaitez mettre en place, en fonction de ce que vous voulez mais aussi en fonction de ce que vous pouvez.

Et surtout, n’oubliez pas une chose très importante : visez un seul objectif à la fois, réaliste et réalisable.  Car mieux vaut un objectif réaliste et réalisable, qu’un objectif trop ambitieux et inatteignable 😉 ! Au fait, un idéal ne peut pas être un objectif. Car un idéal est inatteignable et qu’une des conditions essentielles d’un objectif est qu’il soit, un à moment ou à un autre, atteint. Beaucoup de parents (dont j’ai fait partie) foncent tête baissée et tentent de révolutionner l’éducation, tout seuls dans leur salon, sans prêter attention à ce détail essentiel. Et si on n’en tient pas compte des conséquences imprévues peuvent vite apparaître.

À trop vouloir bien faire c’est l’épuisement, l’hyper culpabilisation, la perte de confiance en soi, voire le burnout qui pourraient vous pendre au nez. Mais n’ayez pas peur ! Je vous donne tout de suite la clé pour éviter le scénario catastrophe 😇 : lisez mes articles pour tout savoir sur la parentalité positive version réaliste, c’est à dire accessible plutôt qu’idéale ou parfaite. Et pour ne rater aucun article, inscrivez-vous à ma newsletter, juste là, en dessous 👇.

La parentalité positive c'est du laxisme !

C’est ce qu’on entend souvent de la part des détracteurs de la parentalité positive. Voyons ce qu’en dit le dictionnaire Larousse : le laxisme est une attitude trop indulgente vis à vis des actes d’une personne. Aussi le laxisme est souvent synonyme d’un manque de règle de la part des parents et d’immaturité chez l’enfant. Or nous avons vu que la parentalité positive vise la responsabilisation de l’enfant en lui offrant la possibilité de réparer son erreur. Elle vise aussi l’autonomie qui est le parfait contraire de l’immaturité. Alors d’où vient cette confusion 🤔 ?

Une parentalité trop différente

La parentalité positive est très différente de l’éducation  traditionnelle que la majorité d’entre nous avons reçue. Il est donc très facile de la prendre pour ce qu’elle n’est pas. Mais le malaise est peut-être ailleurs…

Il se pourrait que certaines caractéristiques de la parentalité positive aillent trop loin pour certains. Par exemple, le fait de considérer que tout n’est que besoins, que toutes les émotions doivent être accueillies ou encore que toutes les punitions, qu’elles soient corporelles ou non, doivent être bannies. Peut-être même que ces caractéristiques pourraient mener tout droit vers du laxisme si on n’y prenait garde ?

D’ailleurs, rendons-nous vraiment service à nos petits en leur offrant une éducation « hors sol » ? Je m’explique : si nous accueillons à bras ouverts toutes leurs émotions, si nous les laissons s’exprimer librement, comment nos petits vont-ils apprendre à les réguler ?  Car, soyons honnêtes, l’accueil des tempêtes émotionnelles n’est pas vraiment la tendance générale dans notre société. Il suffit d’observer ce qu’il se passe un peu partout autour de nous : ça ne se fait pas et c’est plutôt mal vu. Oui mais justement me direz-vous : l’accueil des émotions permet leur régulation. D’accord mais en attendant qu’elles se régulent… L’éducation doit-elle se construire en dehors des normes admises dans notre société ?

Très bonne question à laquelle a répondue la psychanalyste Claude Halmos dans son interview « Aimer ne suffit pas », parue sur le site Psychologies. Elle explique que l’éducation consiste à civiliser l’être humain pour qu’il puisse vivre en société. Et pour ce faire, devinez ce qu’elle préconise ? Des limites. Et oui, en éducation, on est rarement d’accord, là-dessus on est tous d’accord 🤭.

Et justement, à partir de quand une éducation est-elle laxiste ? Où placer la barre ? Comment savoir si on est déjà passé du côté obscur de la force ? Les travaux de la psychologue Diana Baumrind nous aide à y voir plus clair sur les différents styles parentaux, notamment le style permissif autrement dit laxiste.

Comment ne pas tomber dans le laxisme ?

C’est une vraie question. Car on vient de le voir, les frontières peuvent être minces entre certaines caractéristiques de la parentalité positive et le laxisme. Je me suis beaucoup posée la question pour ma fille car je voulais vraiment avoir une posture de maman positive, certes, mais pas d’une amie et encore moins du mère laxiste. Et j’ai fini par trouver quelque chose de très utile, qui est aussi mis en avant par le Comité d’experts européens. C’est un concept vraiment super, plein de bon sens et qui remet les choses à leur place, dans une juste mesure : l’équidignité.

Et c’est quoi l’équidignité ? C’est quand le parent, tout en conservant son autorité (non l’autorité n’est pas un gros mot et non l’autorité n’est pas l’autoritarisme 😉) et son ascendance, met en place une relation respectueuse entre ses propres souhaits, opinions, besoins et les souhaits, opinions, besoins de son enfant. Tout ça sans porter atteinte à son intégrité ni à celle de son enfant. Dit autrement, l’equidignité est le fait de considérer un enfant et un adulte comme deux sujets d’égale dignité mais avec des rôles différents. C’est Jesper Juule (1948-2019) qui a développé ce concept éthique. Mais au fait, ça ne vous rappelle pas le modèle de socialisation de la réciprocité cette équidignité ?

Le thérapeute familial a constaté que dans les familles dont les relations parents enfant étaient problématiques, l’équidignité était souvent absente. Au contraire, dans les familles fonctionnelles les parents tiennent compte des souhaits, opinions et besoins de leurs enfants, entre autres choses. Jespeer Juul a aussi constaté que lorsque les parents décident d’utiliser l’équidignité avec leurs enfants, il y a moins de conflits, le sentiment d’efficacité parentale augmente et les enfants se sentent plus pris en compte. L’équidignité est donc profitable aussi bien aux parents qu’aux enfants. Tout le monde est content et ça change presque tout.

Il semble que Jesper Juule ait trouvé une posture parentale intermédiaire entre le laxisme et l’autoritarisme. Ben voilà, avec ce concept, la parentalité positive n’est pas laxiste et est positive aussi bien pour l’enfant que pour le parent. Tout est dit, ou presque.

Parentalité positive, pas parfaite !

Encore une chose. Vous êtes toujours là hein ? Donc pour finir n’oublions pas qu’en tant que parents nous sommes des modèles pour nos enfants. Attention, j’ai bien dit des modèles pas des parfaits. Un modèle parental montre ce qu’il faut faire, indique la voie à suivre en appliquant à lui-même ce qu’il attend de ses enfants. Par exemple, si nous attendons de nos enfants qu’ils ne frappent personne, nous ne devrions pas les frapper non plus, ni eux, ni personne d’autres d’ailleurs. En effet, si nous pratiquons le contraire de ce que nous demandons, nous envoyons deux messages incohérents à nos plus grands fans. Bonjour la confusion 🤪!

Mais, car il y a toujours un mais, sous un modèle parental se cache toujours un voire deux parents, c’est à dire des humains. Désolée de vous l’annoncer comme ça mais :

tous les humains sont imparfaits, or les parents sont des humains ; donc les parents sont imparfaits.

Donc non, il n’est pas nécessaire d’atteindre la perfection parentale pour pratiquer la parentalité positive. Et rassurez-vous : c’est la tendance générale de votre attitude parentale que retiendra votre enfant, pas les quelques erreurs que vous ferrez ici ou là. Ce qui veut dire que vous avez le droit de vous tromper et vous vous tromperez, je peux vous l’assurer 😉 !

À retenir

  • la parentalité positive est une éducation non violente qui vise le développement global de l’enfant (physique et psychique/psychologique),
  • il existe différentes approches de la parentalité positive,
  • choisissez l’approche  qui convient à vos valeurs et principes, ainsi qu’à vos points forts et faibles,
  • adaptez la parentalité positive à votre situation personnelle,
  • pour pratiquer la parentalité positive, fixez-vous un objectif à la fois, réaliste et réalisable,
  • la frontière entre parentalité positive et laxisme est parfois mince,
  • l’équidignité permet d’obtenir des relations familiales équilibrées,
  • le parent positif n’est pas un parent parfait,
  • la parentalité est positive pour l’enfant ET pour les parents.

Allez j’arrête 🤐, au moins pendant une semaine. Merci d’avoir tenu le coup jusqu’au bout. J’espère que ce premier article vous a plu. Promis ils ne seront pas tous aussi longs. N’oubliez pas de vous inscrire à la Newsletter pour ne rater aucun article.

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Références

Catégories : Parentalité

Cécile Dhifallah

Formée au développement psychologique de l'enfant et diplômée en sciences de l’éducation. Je suis aussi la maman d'une ado, avec qui je mets en pratique la théorie de l'éducation positive, que j'adapte à ma sauce. J'espère que mon site vous aidera à trouver votre propre recette ;)

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